Découvrez le compte-rendu synthétique des 6 tables rondes organisées par Taste le 13 mars 2024.
Il y a eu un avant et un après loi Pacte. Depuis l’adoption de ce texte en 2019, toutes les entreprises françaises sans exception doivent “prendre en considération” les questions environnementales et sociales dans la gestion de leurs activités. Mais comment procéder et jusqu’où aller ? Adopter la qualité de société à mission est une des voies possibles. Cela invite, entre autres, à définir une raison d’être et à intégrer des objectifs sociaux et environnementaux dans ses statuts. C’est le choix qu’a opéré Taste à l’occasion de ses 20 ans. Mais ce n’est pas la seule façon d’avancer sur ces sujets.
Engagée dans sa propre transformation, Taste aide également ses clients à mobiliser et développer les talents nécessaires à une telle démarche. Il y a du grain à moudre ! Selon une enquête CCI France menée début 2024, seuls 21 % des Français estiment que les entreprises en font suffisamment en matière de RSE. C’est pourquoi nous avons organisé le 13 mars dernier une série de tables rondes, au cours desquelles nous avons invités plusieurs représentants de notre écosystème à venir raconter leur expérience. Voici ce qu’il fallait en retenir.
Table ronde n°1 : Miser sur la diversité et l’inclusion
En 2019, Ardian a mené un audit de ses processus de recrutement et de formation afin d’amener davantage de diversité dans l’entreprise : genre, ethnies, classes sociales et orientation sexuelle. Le Comex a été sensibilisé à ces questions, et plusieurs formations ont été mises en œuvre, notamment sur les stéréotypes et les biais inconscients à destination des managers. Créer un baromètre avec Mosaic RH en 2021 a servi à dresser un état des lieux détaillé et anonyme des effectifs. Ardian s’attache aujourd’hui à montrer le lien entre la performance de ses fonds et la diversité des équipes.
Coopération, proximité et solidarité font partie de l’ADN de Crédit Agricole Payments Services, filiale du Crédit Agricole. L’entreprise cherche à renforcer la présence féminine dans les métiers de l’ingénierie, ainsi qu’aux postes de management, afin de tendre vers la parité. Le groupe dans son ensemble travaille également à l’inclusion des jeunes issus de milieux défavorisés, au renforcement de la diversité ethnique et à l’inclusion numérique des personnes malvoyantes. Il souhaite, dans un avenir proche, se pencher sur la question des carrières des seniors.
Table ronde n°2 : Transformer les modèles économiques
La mode est l’une des industries les plus polluantes, c’est pourquoi Gémo souhaite développer l’économie circulaire. Cela correspond aussi à l’évolution des attentes des consommateurs. L’entreprise a commencé à repenser ses produits pour faciliter leur recyclage et prolonger leur durabilité. Un service de réparation multimarques est envisagé pour étendre la vie des articles. Le succès d’une telle politique passe par la formation des équipes, qui doivent comprendre que le chiffre d’affaires n’est plus le seul but recherché.
De son côté, La Poste fait évoluer son modèle économique pour répondre à la baisse du courrier et aux impératifs écologiques. Le chauffage des locaux et les 2 millions de kilomètres parcourus quotidiennement par les facteurs sont deux sujets. Le groupe cherche ainsi à optimiser les tournées en proposant de nouvelles missions aux postiers, comme des services de proximité aux personnes âgées, et en évitant de faire rouler les véhicules à vide. Cette évolution s’accompagne d’un important effort de formation.
Table ronde n°3 : Conduire le changement en interne
Avec Simon Cardon, CEO de Greenweb (conseil et conception de solutions digitales responsables) et Olivier Girinon, responsable groupe structuration financière et juridique des projets de transition énergétique d’une importante société industrielle.
Pour Simon Cardon, le changement part toujours du sommet de l’organisation, par la vision d’un CEO qui se décline ensuite dans toutes les strates. La sensibilisation et la formation des employés sont cruciales pour inciter à l'action et impliquer tous les collaborateurs dans des initiatives de durabilité, car rien ne peut se passer sans une prise de conscience collective. La présence d’un « chef d’orchestre » bien identifié, responsable du développement durable ou responsable RSE, est cruciale. C’est lui qui assure le lien entre les différents services de l’entreprise, c’est aussi vers lui que les informations remontent.
Les enjeux financiers de la transition écologique sont considérables, notamment en raison des coûts élevés de renouvellement des infrastructures, et supposent d’inventer de nouveaux modèles économiques. Solvay cherche à évoluer vers davantage de sobriété en développant la circularité grâce à des partenariats avec d’autres industriels. Afin d’y parvenir, Olivier Girinon souligne, lui aussi, l’importance d’avoir, au sein du Comex, une personne capable de relayer les initiatives en faveur de l’environnement dans toutes les strates de l’organisation. Chacun doit être responsable de son propre « compte de résultat CO2 ».
Table ronde n°4 : Engager tous les collaborateurs
Valérie Marchadour Bruges souligne l'importance de la clarté dans la communication des objectifs RSE, afin que les collaborateurs comprennent les enjeux ainsi que leur rôle. La répétition est nécessaire pour ancrer l'information. Laisser de la marge de manœuvre demeure capital pour inciter à l'action. Cela permet en effet aux salariés de se sentir libres d'innover et de s'engager activement. Mettre en place des baromètres d’engagement aide enfin à mesurer et encourager les actions.
Chez Naturalia, la participation des collaborateurs aux démarches RSE doit reposer sur l’envie et la volonté personnelle, davantage que sur le « devoir ». L’engagement individuel est donc encouragé par une communication active, dont les messages sont adaptés aux différents publics, ainsi que par une plateforme d’e-learning. Des enquêtes d’engagement servent à comprendre les raisons pour lesquelles les salariés agissent, ce qui permet également d’adapter les formations aux besoins.
Table ronde n°5 : Créer des nouveaux métiers, des nouvelles fonctions et développer de nouvelles compétences
La prise de conscience du poids de sa responsabilité sociétale a conduit à la création de nouvelles fonctions chez Teract, comme celle de directrice environnementale. Cette initiative a été inspirée par une employée qui avait développé un système de recyclage efficace dans son propre magasin. Valoriser les initiatives internes est ainsi une façon d’aligner les valeurs personnelles des collaborateurs avec les objectifs d'entreprise. Et parce que l’engagement des employés et le bien-être au travail sont considérés comme les piliers d’une entreprise responsable, la RSE est rattachée aux Ressource Humaines.
Vouloir développer de nouvelles compétences a amené Ambroise Collon à quitter son job précédent pour créer une entreprise de formation centrée sur la transition écologique : Les Nouveaux Géants. L’une de ses récentes missions a consisté à aider une entreprise à améliorer sa notation environnementale via la certification. Les Nouveaux Géants a développé un parcours de formation sur-mesure, destiné à améliorer la performance des équipes en matière de durabilité.
Table ronde n°6 : Déterminer les bons objectifs et les bons indicateurs
Chez Crédit Agricole CIB, l’équipe « responsabilité sociétale » se penche sur l’inclusion, la diversité et le handicap. Le développement des compétences des collaborateurs sur les sujets de transition est également une priorité. Avant de discuter des indicateurs à regarder, il faut s’assurer que la stratégie est bien définie et comprise de tous. Ensuite, le choix de KPI liés aux performances commerciales alignés sur cette stratégie permet de progresser, par exemple sur la réduction de l’empreinte carbone liée au financement d’entreprises polluantes. Désormais, chaque projet financé doit répondre à l’objectif du groupe de réduire ses émissions de près d’un tiers.
La Climate School d’Axa Climate vise à éduquer sur la transition écologique et à préparer les individus à prendre des décisions stratégiques informées. L’une des façons de les prendre est d’attribuer, en interne, un prix virtuel au carbone dans les entreprises, associé à chaque décision d’achat. Cette méthode, qui invite les salariés à se poser les bonnes questions, sensibilise aussi les fournisseurs aux émissions de carbone de leurs produits et favorise des choix plus durables. Elle peut être implémentée progressivement à l'échelle d'un service.