Une tribune de Karla Mouton, Talent Acquisition Manager, spécialisée dans le domaine des Ressources Humaines chez Taste.
Comme trois managers sur cinq*, peut-être souffrez-vous du complexe de l’imposteur. Ce phénomène se traduit par le sentiment permanent de n’être pas légitime et de devoir ses réussites à la chance, à l’équipe, au contexte plutôt qu’à ses mérites personnels. Il touche davantage les cadres que la population générale, probablement parce que plus on gagne en compétences, et plus on devient sensible au doute. L’une des conséquences de ce syndrome est la difficulté à dire « je » au cours d’un entretien de recrutement.
Le rapport de force est en faveur du candidat
Pourquoi est-il important de se débarrasser de ce complexe ? Au cours des entretiens, le chasseur de têtes va chercher à évaluer l’adéquation du candidat avec le poste proposé. Il va donc analyser ses aptitudes, les connaissances qu’il a acquises, mais aussi ses traits de personnalité, son comportement sous stress et ses qualités relationnelles. Pas ceux de ses collaborateurs ! Une première solution consiste à feindre l’aisance. « Fake it until you make it » : adopter une attitude positive, même un peu forcée, aide à se sentir mieux.
C’est d’autant plus faisable que, dans un marché en tension où le rapport de force est moins favorable à l’entreprise qu’au candidat, c’est bien lui qui détient le pouvoir. Encore faut-il être capable de s’attribuer les réussites sans craindre de passer pour un ego surdimensionné, en restant factuel. Ou encore d’évoquer un échec sans se dédouaner, en racontant ce qu’il vous a appris.
C’est pourquoi le discours du candidat lors de l’entretien est fondamental. Ce moment est l’occasion pour le recruteur d’approfondir les différentes expériences professionnelles de ce dernier. Les succès et les ratés peuvent être, certes, collectifs, mais le recruteur cherche à évaluer les profils individuellement. Il ne peut le faire que si son interlocuteur détaille sa contribution personnelle. Ne soyez donc pas surpris si l’on vous demande « Et vous, concrètement dans ce projet, qu’avez-vous apporté ? » Apportez des réponses aussi argumentées que possible.
En entretien c’est VOUS avant TOUT !
Dès que le recruteur demande : « Présentez-vous », c’est souvent la panique à bord. Beaucoup de candidats récitent leur CV comme si c’était une jolie poésie. Erreur ! Le plus important, dans cet exercice, est de capter l’attention de quelqu’un qui l’a bien évidemment déjà lu. Racontez ce qui a eu le plus de sens pour vous, ce qui souligne le fil rouge dont est cousue votre carrière. Il s’agit de raconter une histoire, la vôtre, expliquant pourquoi le prochain épisode sera logiquement celui que vous propose le chasseur de têtes.
Il appréciera, par exemple, d’entendre que vous avez mené à bien un projet car VOUS vous vous en étiez donné les moyens. Il reconnaîtra votre sincérité si vous expliquez la rupture d’une période d’essai parce que VOUS ne partagiez pas la vision de votre manager. Les professionnels du recrutement savent qu’une réalisation est très souvent la somme de plusieurs contributions individuelles. À vous de mettre en lumière la pierre que vous avez apportée à l’édifice.
Nos conseils pour adopter le « je » :
• Expliquez vos expériences professionnelles en parlant de votre participation concrète dans ces projets ;
• Veillez à bien souligner vos transitions de carrière en mettant vos choix professionnels en valeur ;
• Présentez votre projet professionnel à court, moyen et long terme, ainsi que les moyens que vous vous donnez pour le mener à bien ;
• Parlez de ce qui vous met en énergie, de ce qui vous pose problème, de ce qui vous pousse à vous dépasser ;
• Mettez en avant vos valeurs et votre vision de votre métier ;
• Soyez sincère avec vous-même et votre interlocuteur : quels sont les éléments indispensables pour vous dans votre futur job ? Et que souhaitez-vous ne pas faire ?
*Source : Enquête YouGov/Capital menée auprès de 3000 Français entre le 10 et le 15 décembre 2021